L’art-thérapie comme une rencontre, un autre regard

L’art-thérapie comme une rencontre, un autre regard
L’art-thérapie c’est donc avant tout une rencontre, la relation entre l’art-thérapeute, désencombré de ses perceptions imaginaires, et le patient. Voir l’autre sans le regarder ni l’observer mais le voir autrement, l’entendre sans l’écouter, sans vouloir expliquer ni colmater : savoir faire un pas de côté pour ne pas coller à un diagnostic préétabli, l’accueillir, voilà une fonction de l’art-thérapie.
Le premier rôle de l’art-thérapeute pourrait être de voir l’autre de manière à lui offrir une ouverture réelle qui ne colle pas à ce qu’il a entendu depuis toujours, à un diagnostic qui a été posé sur lui et qu’il entend encore en institution ou dans la vie sociale. C’est le rencontrer comme sujet singulier donc unique et pas comme « un » faisant partie d’une catégorie préétablie, sans le comparer à une norme sociale. En effet, quel que soit son âge, la pathologie dont il souffre, le sujet possède toujours une zone psychique disponible pour la créativité et c’est bien là que prend sens l’art-thérapie. Pour l’art-thérapeute, la cause n’est pas essentielle, il agit sur les conséquences.
Le travail psychique de l’art-thérapeute dans cette relation nécessite aussi de sa part de ne pas chercher à en savoir plus sur le patient, comme pourrait le faire le psychologue, par exemple, lors d’un entretien clinique. Son travail consiste à ne pas se focaliser sur la cause de la souffrance puisque ce n’est pas son métier, mais sur les effets de celle-ci. L’art-thérapie ne se situe donc pas dans un savoir, dans la toute-puissance mais du côté de l’humilité. Le savoir de l’art-thérapeute est un « savoir en moins sur le sujet » (ROYOL, JP. (2014), « Le souffle du neutre », Profacom, P85) en acceptant de ne rien savoir de ce qui va se passer en séance, donc « sans attente de connu à venir » ((ROYOL, JP. (2014), « Le souffle du neutre », Profacom, P21). L’art-thérapie n’a pas de visée interprétative.
C’est bien cette relation qui est donc thérapeutique à travers le dispositif qui fait tiers