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La supervision en art-thérapie : une nécessité clinique et éthique

Dans le champ de l’art-thérapie, la supervision n’est pas un luxe ni un simple complément de pratique. Elle constitue une nécessité clinique, éthique et institutionnelle, tant pour le développement professionnel du praticien que pour la sécurité et la qualité du lien thérapeutique avec les patients.

Dans cet article, nous explorerons les fondements théoriques, les fonctions et les enjeux de la supervision en art-thérapie, en nous appuyant sur des références psychanalytiques (Freud, Lacan, Winnicott) et sur des exemples cliniques concrets issus de la pratique.

🔍 Qu’est-ce que la supervision en art-thérapie ?

La supervision est un espace tiers, protégé, où l’art-thérapeute peut réfléchir à sa pratique, aux situations cliniques qu’il rencontre, aux transferts en jeu, et à sa propre posture. Il s’agit d’un temps de recul nécessaire pour élaborer ce qui, dans le cadre thérapeutique, peut faire énigme ou poser difficulté.

Dans une perspective psychanalytique, la supervision n’est pas uniquement technique : elle implique une mise au travail du contre-transfert, c’est-à-dire de ce que le thérapeute ressent dans la relation avec son patient. Ce contre-transfert peut parfois éclairer des dimensions inconscientes du fonctionnement psychique du sujet accompagné.

🧠 Pourquoi est-elle indispensable ?

  1. Pour penser la relation thérapeutique

    Comme le rappelle D. Anzieu, « l’art-thérapeute travaille avec sa propre psyché autant qu’avec celle du patient ». La supervision permet de reconnaître les mouvements inconscients à l’œuvre dans la relation, d’éviter les agirs, les fuites ou les répétitions dans le cadre.

  2. Pour contenir les transferts et contre-transferts

    La pratique en art-thérapie est souvent chargée émotionnellement : les patients y déposent des affects intenses à travers la création plastique. Le superviseur aide le thérapeute à transformer cette matière affective en matériau d’élaboration, plutôt qu’en surcharge psychique.

  3. Pour éviter l’isolement professionnel

    L’art-thérapeute, souvent indépendant ou isolé institutionnellement, peut perdre le fil d’un étayage théorique et clinique. La supervision est alors un lieu de soutien et de relance du désir de travailler, dans une position réflexive et non défensive.

  4. Pour garantir un cadre éthique

    Une pratique sans supervision peut glisser vers des positions de toute-puissance, une confusion des rôles ou une perte de cadre. La supervision est un garde-fou indispensable pour maintenir une éthique de la distance, du respect du sujet et de sa temporalité.

📚 Fondements psychanalytiques

  • Freud, dès les débuts de la psychanalyse, insistait sur l'importance pour l'analyste d’avoir lui-même été analysé et supervisé. L’analyste, disait-il, ne peut guider l’autre que jusqu’où il est lui-même allé.

  • Lacan a souligné que le transfert, loin d’être un simple lien affectif, est une mise en jeu du sujet supposé savoir, et que le thérapeute est toujours engagé, malgré lui, dans une position de savoir. La supervision permet de désidentifier le thérapeute de cette position imaginaire.

  • Winnicott, quant à lui, évoquait la nécessité pour le clinicien d’avoir un espace où déposer ses propres inquiétudes sans se défendre. Un superviseur peut ainsi jouer le rôle d’« objet suffisamment bon », offrant au thérapeute un espace de jeu et de pensée.

La relation entre superviseur et supervisé n’est jamais neutre. Elle est porteuse de transferts, de projections et parfois de résistances. Il est essentiel que le superviseur lui-même soit supervisé, ou en analyse, pour ne pas faire de la supervision un espace de pouvoir, mais un espace de co-construction du sens.

Le superviseur n’est pas là pour juger ni pour corriger, mais pour accompagner une élaboration. Sa fonction est de soutenir le processus réflexif, pas d’imposer un cadre normatif.

🎨 Exemples cliniques

  • Claire, art-thérapeute auprès d’enfants en IME, vient en supervision après plusieurs séances où elle se sent « absorbée » par un petit garçon autiste qui ne produit rien en séance. En supervision, elle réalise qu’elle est en train de rejouer avec cet enfant une problématique d’abandon qu’elle a elle-même traversée. La supervision lui permet de se repositionner dans une posture contenante.

  • Paul, en cabinet libéral, se sent agressé par une patiente borderline. Il ne comprend pas son propre agacement et craint d’être maltraitant. La supervision l’aide à reconnaître un transfert négatif et à transformer son positionnement de manière plus juste.



Sylvie Kablan, art-thérapeute, superviseuse.


 
 
 
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